La relation entre l'expert et le citoyen
La relation entre l'expert et le citoyen peut prendre différentes formes en démocratie. Celles-ci peuvent être caractérisées selon la part respective qui est donnée aux experts et aux citoyens pour alimenter le débat. Michel Callon (1998)[1] propose trois modèles pour représenter cette relation dans le cadre démocratique. Selon lui, le second et le troisième modèle sont adaptés pour traiter la plupart des grandes questions environnementales et sanitaires.
• Dans le modèle de l'instruction publique, l'expert est le seul dépositaire des savoirs nécessaires à l'étude des technologies face à un public largement ignorant. Il instruit le public sur la base d'un savoir considéré comme objectif.
• Dans le modèle du débat public, on distingue des publics bien définis auxquels on reconnaît des compétences en fonction de leur expérience, de leur savoir spécifique. Ces publics peuvent enrichir les débats. L'expert n'est donc plus seul à disposer d'une parole légitime. Par exemple, Callon rapporte des études qui montrent que des bergers en savent parfois plus que les experts sur l'alimentation du mouton. Par ailleurs, dans le domaine psychiatrique, des patients en savent parfois plus que les médecins sur certains problèmes d'accoutumance aux psychotropes. De nombreuses expériences de débats participatifs reposent sur ce modèle (débats locaux, conférences de citoyens, etc.). Ces expériences laissent ouverte la question de la représentativité des citoyens qui s'expriment dans ces débats.
• Le modèle de la co-production des savoirs associe des experts et des profanes à l'élaboration des connaissances. Ces derniers sont issus des groupes concernés par la problématique dont on traite. Il peut s'agir par exemple d'associations de malades qui participent à l'élaboration de nouvelles thérapeutiques, non seulement en collectant des témoignages, mais aussi en contribuant aux expérimentations.
