La démocratie participative et la science

Les experts n'ont pas une maîtrise complète sur les technologies

Dans de très nombreux domaines, les actions humaines peuvent avoir des effets inattendus, imprévisibles ou difficilement prévisibles. Dans le cas des technologies complexes qui se développent aujourd'hui, il en va de même, quelles que soient les précautions prises, quel que soit le niveau de connaissances et d'expertise des spécialistes participant à ces développements. Certaines conséquences des technologies sont bien maîtrisées, d'autres ne le sont pas.

On peut même tirer une règle générale au sujet des découvertes scientifiques et des technologies quelque peu complexes. Ces développements ont deux caractéristiques qu'il est bon de retenir et que l'on a parfois tendance à ignorer :

Les découvertes portent une part d'imprévisibilité. Même les meilleurs prévisionnistes auront du mal à imaginer tout ce qui pourra être fait à partir d'une découverte. Par exemple, en 1896, lorsqu'il a découvert le phénomène de la radioactivité, le savant français Henri Becquerel ne pouvait imaginer qu'une bombe atomique serait produite en seulement quelques dizaines d'années.

Les découvertes sont irréversibles. Dès lors qu'une publication fait état d'une découverte ou de la mise au point d'une nouvelle technologie, il n'est plus possible de revenir à l'état d'un monde antérieur dans lequel cette connaissance était ignorée. Par exemple, la connaissance de la séquence du génome d'un virus dangereux ne peut plus être masquée dès lors qu'elle a été publiée.

Souvent, les experts n'ont pas de réponse claire aux questionnements concernant les risques liés aux technologies, aux polluants, etc. Ils n'ont par exemple qu'une connaissance imparfaite des effets secondaires d'un nouveau médicament.

C'est pourquoi, en démocratie, lorsqu'il s'exprime devant des non-spécialistes, l'expert se doit d'informer son public sur les questions bien maîtrisées mais aussi sur celles qui ne le sont pas. (Roqueplo, 1997)[1]. Nous voyons donc ici que le monde ne se divise pas entre ceux qui savent (les experts) et ceux qui ne savent pas (les citoyens). Nous verrons aussi plus loin que les experts ne sont pas toujours les personnes les plus compétentes pour étudier certains problèmes liés aux nouvelles technologies.

  1. Roqueplo, Philippe (1997)

    Roqueplo, Philippe (1997) Entre savoir et décision, l'expertise scientifique. QUAE Editions

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