Introduction
Les analogies peuvent avoir une visée argumentative, explicative ou descriptive. Elles peuvent constituer des outils pédagogiques ou des procédés polémiques efficaces ; Françoise Douay-Soublin parle de « déclic analogique » pour désigner « cet effet d'élucidation soudaine, et souvent durable, de la représentation produite par un rapprochement « éclairant », une image « juste ».
Mais la comparaison ou l'analogie peut aussi être simplificatrice, anecdotique, malveillante ou abusive. Parfois, elle ne retient que certains critères de ressemblance qui sont peu intéressants. Parfois, elle néglige des différences essentielles. C'est pourquoi les argumentations par analogie puissantes suscitent souvent une forme de méfiance, qu'expriment certains adages tels que « comparaison n'est pas raison », ou « omnis comparatio claudicat » (toute comparaison est bancale).
Nous allons maintenant proposer quelques outils d'analyse critique des arguments par analogie, afin de permettre de porter un jugement sur leur valeur, et de construire au besoin un contre-argument pour montrer la faiblesse d'un argument, pour le nuancer ou pour le réfuter.
Nous proposerons un découpage de l'analyse critique tel que nous le pratiquons classiquement selon trois grandes catégories pour l'évaluation des prémisses : les prémisses sont-elles acceptables ? Les prémisses sont-elles pertinentes ? Les prémisses sont-elles suffisantes pour conduire à la conclusion ?
Ce découpage ne doit pas nous faire oublier que nous sommes souvent capables, spontanément d'analyser des arguments, avec nos compétences personnelles.