La disparition des abeilles : l'effet des faibles doses d'insecticide

Les causes possibles de la disparition des abeilles

Au milieu des années 1990, des apiculteurs ont remarqué un phénomène grave lors de la floraison du tournesol. L'un d'entre eux rapporte : « Des colonies devenues énormes, car stimulées par la miellée de juin (...) s'effondraient quelque jours plus tard sur tournesol » (Chiron et Hattenberger, 2008)[1]. L'explication la plus raisonnable résidait dans la mise en culture de semences de maïs enrobées d'un insecticide néonicotinoïde de type systémique, ce qui signifie qu'il migre dans l'ensemble de la plante, et notamment dans le nectar et le pollen des fleurs.

Par la suite, les nouveaux insecticides de ce type ont été interdits en France, et cette décision a suscité une controverse qui s'est poursuivie au sujet du Cruiser.

De nombreuses causes contribuent au phénomène de disparition des abeilles. Leur importance relative fait l'objet d'expérimentations, de discussions scientifiques et aussi de controverses qui impliquent des associations d'apiculteurs, d'agriculteurs, de fabricants d'insecticides, de citoyens, les autorités d'évaluation des risques et des organismes publics de recherche.

Nous citerons ici les causes parmi les mieux connues, et qui jouent un rôle important dans cette disparition :

  • L'usage des insecticides. C'est la cause qui retiendra notre attention dans ce cours

  • La monoculture intensive, qui implique la floraison d'une seule espèce, et pendant une courte période de l'année seulement, est responsable d'une alimentation irrégulière en quantité et en diversité. Cette monoculture entraîne la disparition d'habitats spécifiques. Par ailleurs, les pratiques d'agriculture intensives engendrent l'augmentation de la taille des parcelles et la disparition de certains habitats utiles tels que les haies.

  • Certaines maladies causées par des virus, des bactéries, des champignons et des parasites tels que le varroa.

  • Citons aussi, parmi les agents biologiques, certains prédateurs tels que le frelon à pattes jaunes.

La disparition des abeilles est grandement accélérée lorsque deux ou plusieurs causes se manifestent simultanément. Par exemple, un petit acarien, varroa destructor, exerce, entre autres dommages, un effet immunosuppresseur[2] qui empêche le système immunitaire de l'abeille d'agir contre certains virus.

Autre exemple : on a montré un effet synergique entre certains insecticides et un champignon, Nosema ceranae.

Quelles sont les causes les plus sérieuses de la disparition des abeilles ? Par Pierrick Aupinel (INRA)

Transcription de la vidéo

D'autres causes de disparition des abeilles ont aussi été avancées. Certaines d'entre elles sont cependant notoirement insuffisantes pour expliquer l'ampleur du phénomène, comme l'explique J-F Odoux ci-dessous.

Les mauvaises pratiques apicoles, qui peuvent effectivement exister, ne peuvent pas non plus constituer une explication d'un phénomène de disparition des abeilles qui est mondial.

Les transports d'abeilles sur de longues distances existent peu en France et ne peuvent pas non plus rendre compte de la disparition des abeilles

Données générales sur les causes importantes et accessoires qui expliquent la disparition des abeilles. Par Jean-François Odoux (INRA)

Transcription de la vidéo

ExempleUn exemple de science participative

De nombreuses observations scientifiques peuvent être grandement enrichies avec l'aide de citoyens. Il s'agit d'un exemple de sciences participatives qui se développent aujourd'hui grâce à l'aide des réseaux de personnes motivées, et des technologies informatiques (Boeuf, Allain & Bouvier, 2012)[3]

En voici un exemple. Le frelon à pattes jaunes est apparu en France en 2004 et se répand d'année en année dans de nombreux départements. Il constitue une menace pour les abeilles qu'il empêche de sortir butiner, ou bien qu'il tue et utilise ensuite pour nourrir ses larves.

Pour étudier la propagation de cet insecte, l'INRA a mis au point une expérience de science participative dans laquelle les citoyens peuvent signaler l'observation de cet insecte grâce à une application pour mobile. Pour en savoir plus, consultez la page web de l'INRA, "AGIIR contre les insectes invasifs, une « Appli » de science participative".

  1. Chiron, J. et Hattenberger A-M. (2008)

    Chiron, J. et Hattenberger A-M. (2008) Mortalités, effondrements et affaiblissements des colonies d'abeilles. Rapport pour L'Afssa

  2. Effet immunosuppresseur

    Un effet immunosuppresseur a la propriété d'inhiber le système immunitaire. Ici, il concerne l'abeille qui devient alors très sensible à de nombreux agents infectieux.

  3. Boeuf, Gilles et al. (2012)

    Boeuf, Gilles et al. (2012) L'apport des sciences participatives dans la connaissance de la biodiversité. Rapport remis à la Ministre de l'Ecologie, Janvier.

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