La modalisation dans les controverses

Une définition scientifique de la modalité

Selon Gosselin (2005: 42), « le concept de modalité, dans son acception « large », recouvre toute forme de validation/invalidation d'un « contenu représenté » et « toute proposition énoncée se trouve donc affectée d'une modalité plus ou moins déterminée ».

En ces termes, cet auteur se réfère aux travaux d'un chercheur de la première moitié du 20e siècle, Charles Bally[1], pour qui « la modalité est l'âme de la phrase » : sans elle la phrase n'existe pas. Selon lui, la modalité « est la forme linguistique d'un jugement intellectuel ou d'une volonté qu'un sujet pensant énonce à propos d'une perception ou d'une représentation de son esprit ».

Selon Bally, penser, « c'est donc juger qu'une chose est ou n'est pas, ou estimer qu'elle est désirable ou indésirable, ou enfin désirer qu'elle soit ou ne soit pas. On croit qu'il pleut ou on ne le croit pas, ou on en doute, on se réjouit qu'il pleuve ou on le regrette, on souhaite qu'il pleuve ou qu'il ne pleuve pas ».

Il est intéressant d'introduire ici les notions de modus et de dictum. A la suite de ces considérations, Bally pose que tout énoncé est systématiquement le support d'une opération modale. Il décrit la phrase comme la combinaison de deux éléments :

« La phrase explicite comprend donc deux parties: l'une est le corrélatif du procès qui constitue la représentation (p. ex : la pluie, une guérison) ; nous l'appellerons, à l'exemple des logiciens, le dictum. L'autre contient la pièce maîtresse de la phrase, celle sans laquelle il n' y a pas de phrase, à savoir l'expression de la modalité, corrélative à l'opération du sujet pensant. La modalité a pour expression logique et analytique un verbe modal (par exemple: croire, se réjouir, souhaiter), et son sujet, le sujet modal, tous deux constituent le modus, complémentaire du dictum ».

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Une définition scientifique de la modalité. Par Nathalie Garric

Exemple

On peut voir varier le modus dans ces autres exemples empruntés à Gosselin (2005: 10) composés d'un même contenu représenté mais sur lequel les jugements portés sont divers.

Peut-être que Pierre viendra

Je doute que Pierre vienne

Je sais que Pierre viendra

Il est à craindre que Pierre vienne

Il faut absolument que Pierre vienne

Je ne veux pas que Pierre vienne

  1. Bally, C. (1932/ 1965)

    Bally, C. (1932/ 1965) Linguistique générale et linguistique française . A. Francke, a.g. Verlag, Berne.

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