L'argument par analogie

Souvenons-nous que lorsque nous argumentons, chacune de nos propositions présuppose que nous disons la vérité ou que nous avons l'intention de la dire ou de nous en approcher le plus possible. En effet, cela n'aurait aucun sens de vouloir influencer quelqu'un par un argument qui serait présenté comme faux d'emblée (sauf dans des situations atypiques vues ci-dessous).

Ainsi, si un locuteur me met en garde contre les coups de soleil par l'argumentation suivante :

« Fais attention au soleil ! Ma sœur est toute blonde, et elle rougit comme un homard dès qu'elle ne se protège pas... Vu que tu es au moins aussi claire qu'elle, tu risques d'avoir des surprises si tu n'utilises pas d'écran total... »

Je peux le rassurer en l'informant du fait que je suis une fausse blonde : la description qu'il propose de la situation présente est donc « essentiellement » inexacte, la similitude sur laquelle repose l'argumentation ne tient pas, et par conséquent, le transfert de la propriété « peau sensible au soleil » est bloqué.

Considérons maintenant le parallèle proposé dans l'argument suivant entre Nicolas Sarkozy et Philippe Pétain :

« Sarkozy, il a muselé la presse, il a muselé les syndicats, il a muselé le parlement. Bref, Sarko, c'est le fils spirituel de Pétain »

On a affaire à une argumentation qui sera jugée inacceptable par tous ceux qui pensent que la situation en débat est présentée de façon fallacieuse : ni la presse, ni les syndicats, ni le Parlement ne sont « muselés » aujourd'hui. Même si l'on est prêt à concéder l'existence de tentatives de pression sur la presse, les organisations syndicales ou les parlementaires, la liberté d'expression prévaut aujourd'hui, ce qui est en totale contradiction avec l'idée d'un « muselage » qui était bien réel sous le régime de Vichy.

Souvent, la partie implicite d'un argument fondé sur l'analogie contient des parties implicites qui seront l'objet de critiques. Marianne Doury explicite cette question dans la séquence filmée ci-dessous.