La démocratie participative et la science

Les émotions dans l'argumentation

On pense généralement qu'un bon citoyen devrait être un citoyen rationnel, capable de mettre les passions à distance pour bien juger et bien décider. Pourquoi donc vouloir apprendre aux étudiants à bien utiliser les émotions dans l'argumentation ?

Il existe un décalage entre la conception pratique de la citoyenneté de l'antiquité et la conception, essentiellement théorique, dont nous avons héritée. C'est sans doute au niveau de notre rapport à l'émotion que ce contraste est le plus frappant. Aujourd'hui, nous pensons spontanément qu'un argument sera d'autant plus valide que sa force persuasive sera indépendante de la technique de l'orateur et des affectes de l'auditoire.

Nous avons été habitués à penser que pour bien argumenter, il faut se mettre en quête de faits, de sources, de données. Nous partageons ce souci de construire une argumentation sur des faits solidement établis et sur des raisonnements rigoureux. Cependant, dans cette quête d'informations, nous avons tendance à négliger le travail technique que demande l'argumentation sur des sujets brûlants face à des auditoires réels. Et, si nous ne sommes pas exercés à fréquenter cette altérité des subjectivités et des affects, nous ne serons pas armés pour la prise de parole dans l'espace public. C'est là tout le sens de la conception de la preuve rhétorique chez Aristote : outre les faits et les données, qui constituent les preuves extra-techniques selon la terminologie d'Aristote, un citoyen doit également maîtriser des preuves techniques.

Les arguments exclusivement basés sur des faits ? Par Victor Ferry

Pour télécharger le texte de cette vidéo, cliquez ici.

PrécédentPrécédentSuivantSuivant
AccueilAccueilImprimerImprimer Université de La Rochelle Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Partage des Conditions Initiales à l'IdentiqueRéalisé avec Scenari (nouvelle fenêtre)