La notion d'imaginaire a une histoire
Pour aborder cette notion[1], nous dirons que l'émergence de la notion d'imaginaire se fait en trois temps.
1. Dans la pensée classique, l'imagination était considérée comme fantasia ; elle était du côté de la folie (« la folle du logis ») qui s'opposait alors à la raison, seule capable de gérer le face à face entre l'Homme et le Monde. Pensée classique qui se poursuit jusqu'au dix-huitième siècle.
2. Deuxième grand moment, avec Freud et l'affirmation de l'existence d'une double conscience chez l'homme, double conscience qui se croise avec la dualité d'un « soi individuel » et d'un « soi collectif ». Dans sa seconde topique (« Ça/Moi/Surmoi »), Freud place l'Imaginaire du côté du « Surmoi », le « Ça » étant de l'ordre du Symbolique. Sur la lancée, Jung développe son idée « d'archétype » comme ensemble de thèmes récurrents construisant des imaginaires personnels reposant sur un fond commun d'inconscient collectif. Parallèlement, Bachelard (contemporain de Jung) oppose la « conceptualisation », activité rationnalisante produisant la science, et la « rêverie », activité créatrice produisant une vison poétique du monde ; mais ces deux activités sont liées en ce qu'elles sont à l'origine des principes organisateurs des conduites humaines.
3. Le troisième grand moment est marqué par l'anthropologie qui considère les rituels sociaux, les mythes et les légendes comme des discours qui témoignent de l'organisation des sociétés humaines. C'est dans cette lignée que je me placerai pour redéfinir la notion d'imaginaire dans le cadre de l'analyse de discours.