La modalisation autonymique
Nous défendons l'idée que la modalité est présente dans toute activité discursive. Elle est particulièrement apparente dans des situations de désaccord ou lorsque l'on nuance des propos ou encore lorsque l'on revient sur son propre propos.
Sur la toile, on observe de très nombreux commentaires qui portent sur la façon dont des propos antérieurs ont été modalisés, en particulier lorsque l'on veut les critiquer. On critiquera par exemple les représentations du réel dans une polémique au sujet d'événements médiatiques (par exemple : "Vous dites que la police a commis une bavure alors qu'elle n'a fait que son travail").
Il s'agit donc ici d'une activité de modalisation... sur une autre activité de modalisation. Elle est désignée par la notion de modalité autonymique, qui utilise une propriété des langues, la réflexivité, c'est-à-dire la possibilité pour une langue de parler d'elle-même. Il est donc intéressant de noter ici que la langue a d'autres fonctions que la description d'un réel extérieur à elle-même, qui constitue sa fonction référentielle.
Par exemple, lorsqu'un journaliste qualifie un événement de "vraisemblable bavure", il opère une première modalisation en qualifiant cet événement de bavure, et une seconde modalisation nuançant le mot bavure avec l'adverbe vraisemblablement.