Le discours scientifique est modalisé
Nous étudierons brièvement un aspect d'une polémique issue de la recherche scientifique, avec ses composantes sociales, sanitaires et environnementales. Elle oppose deux biologistes moléculaires, Gilles-Eric Séralini et Marc Fellous.
Voici un extrait de l'article de Séralini traduit de son article controversé sur la toxicité d'un maïs transgénique[1], qui a fait l'objet d'une rétractation et de nombreux commentaires dans le journal où il est paru.
Le premier paragraphe consiste à décrire de la façon la plus objective possible les conditions d'une expérience et l'hypothèse qui la fonde. On parle ici d'une écriture d'objectivation (ou de désubjectivisation)
Ce procédé se remarque par l'usage de formes syntaxiques passives ("L'équilibre hormonal a été modifié"). Ces formes passives sont aussi dépourvues de complément d'agent, ce qui revient à éliminer du texte l'existence d'un agent qui réalise l'expérimentation. En effaçant le sujet, on vise à éliminer la subjectivité.
Par ailleurs, le verbe confirmer, plusieurs fois utilisé, est une modalité qui accroît la valeur de vérité des résultats obtenus. Ce verbe élimine la part de doute et donne aux conclusions de Séralini leur statut de nécessité. Ce statut est encore renforcé par l'accumulation d'observations tant macroscopiques que microscopiques
Pourtant... l'article de Séralini a été rétracté. Une étude de la réception de l'article de Séralini par le public montre que ce sont, pour une part, les modalisations très assertives qui feront l'objet des critiques les plus vives. En effet, ces modalisations apparaissent comme l'expression d'une volonté d'exprimer une objectivation, qui témoigne au contraire de la subjectivité de leurs auteurs.
Certains pensent que l'article de Séralini n'aurait peut-être pas été rétracté si les expressions avaient été moins assertives.
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