Une éthique de l'expertise
L'éthique de l'expert est abondamment discutée, et elle fait l'objet de critiques, notamment lorsqu'il est question d'expertises manifestement incomplètes, et qui sont parfois attaquées devant les tribunaux. Des guides de conduite de l'expertise ont donc été élaborés par les grands organismes publics pour mettre en place une expertise de grande qualité.
Par exemple, voici quelques valeurs éthiques mises en avant par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail ANSES (2012). Leur mise en pratique concrète se révèle souvent complexe et fait l'objet de débats :
(1) L'expertise est indépendante. Celui qui la réalise ne doit pas être soumis au risque d'un conflit d'intérêt. Par exemple, un expert qui évalue la toxicité d'un OGM ne doit pas être financé dans ses autres recherches par l'entreprise qui produit cet OGM.
(2) L'expertise est contradictoire, ce qui implique évidemment qu'elle doive être collective. Il ne suffit pas d'entendre plusieurs experts sur une question donnée. Il importe aussi d'entendre des experts représentant les différents points de vue au sujet de cette question.
(3) L'expertise est publique. Elle doit pouvoir être consultée par toute personne intéressée.
(4) L'expertise est multidisciplinaire, car une technologie peut avoir des fondements et des répercussions très variées, nécessitant des compétences en sciences de la vie, en sciences de la matière, en sciences humaines ou encore en sciences de l'environnement.
(5) L'expertise est, autant que possible, complète, reprend l'ensemble des données pertinentes pour l'étude qui sont disponibles.
(6) L'expertise est ouverte sur la société, en ce qu'elle prend en compte les connaissances concrètes et les interrogations des acteurs concernés (IRSN, 2011)[1]
