La mesure du non retour à la ruche
En comparant les proportions des retours à la ruche des abeilles ayant ou non reçu une dose d'insecticide, il est possible de calculer la proportion d'abeilles dont le non retour peut être imputé à son ingestion d'insecticide.
Figure 3. La probabilité cumulée du retour à la ruche des butineuses relâchées à 1km de la ruche. Sur l'échelle du temps, on voit la durée de la nuit entre le premier et le second jour de relâchage. Les abeilles dites « contrôle » sont celles qui ont simplement ingurgité une solution sucrée au début de l'expérience. Les abeilles dites « traitées » (treated) sont celles qui ont ingurgité une solution sucrée contenant du thiametoxam. L'échelle en ordonnée donne la mesure de la probabilité du retour à la ruche. L'échelle en abscisse donne le temps (en minutes). (A) Retour à la ruche des abeilles non-naïves, c'est-à-dire des abeilles qui ont déjà précédemment parcouru le trajet entre le champ de phacélies et la ruche. On émet l'hypothèse que ces abeilles seront moins désorientées lors de leur retour à la ruche que celles qui parcourent ce trajet pour la première fois (et qui sont appelées abeilles naïves pour cette raison). (B) retour à la ruche d'abeilles naïves relâchées d'un autre site que le champ de phacélies. |
Question
En comparant les Figures A et B, et dans chacune d'elles, les courbes correspondant aux abeilles "contrôle" et les abeilles traitées, quelles conclusions pouvez-vous tirer ?
Il apparaît clairement que les abeilles non-naïves reviennent à la ruche dans une plus grande proportion que les abeilles dites naïves, qui doivent prendre un parcours qu'elles n'ont probablement pas suivi précédemment. Ce fait n'est pas lié à l'ingestion d'une dose d'insecticide.
Par contre, dans les deux expérimentations, on observe que le retour à la ruche des abeilles qui ont reçu une dose non-létale de thiametoxam est significativement plus faible que celui des abeilles témoin.
L'article de la revue Science nous apprend que dans le lot témoin, environ 15% des abeilles ne reviennent pas à la ruche. Dans le lot qui a ingéré l'insecticide, ce taux atteint 25% pour les abeilles dites non-naïves, 50% pour les abeilles naïves. Une telle différence dans le non retour entre les abeilles traitées et les abeilles non traitées est très significative et peut contribuer à la dépopulation de la colonie.
Dans la séquence filmée ci-dessous, Mickaël Henry reprend les principaux éléments de l'étude.