Qu'est-ce qu'un argument ?

Pourquoi standardise-t-on les arguments ?

Poser le problème

Nous reprendrons de nombreux éléments de la pédagogie de la chercheuse Trudy Govier (2007)[1] pour l'étude de la standardisation des arguments.

Les arguments peuvent prendre des formes très variées dans nos propos.

Parfois, ils sont présentés sans certaines de leurs prémisses, parfois leur conclusion est sous-entendue.

Parfois la conclusion se trouve au début de l'argument, au milieu ou à la fin.

Parfois, des prémisses prennent la forme d'un questionnement ou d'une narration.

Il arrive aussi que des propos qui ne sont pas des arguments se présentent sous la forme d'arguments standardisés.

Il arrive en outre que plusieurs arguments soient mélangés.

On trouve aussi dans le texte d'un argument des éléments qui servent à l'illustrer, à divertir, à attirer l'attention, à exprimer un sentiment, etc.

Bref, les arguments ne sont donc pas toujours apparents et aisément identifiables. Il est donc souvent intéressant de les réécrire sous une forme standardisée, selon un modèle qu'utilisent les analystes.

Pourquoi standardise-t-on les arguments ? Par Michel Goldberg

Qu'est-ce que la standardisation ?

La standardisation est une opération très courante en sciences et dans tout domaine faisant l'objet d'un savoir partagé.

Par exemple, il est classique de rédiger des recettes de cuisine selon une présentation graphique identique, standardisée, tout au long d'un livre. Un laboratoire d'analyses médicales présente aussi ses résultats selon un ordre standardisé. Un médecin qui interroge son malade traduit les symptômes qu'il entend selon un formalisme largement standardisé.

Standardiser, c'est mettre de l'ordre selon un formalisme socialement défini.

La standardisation est le travail de réécriture qui permet de présenter un argument, et de distinguer les prémisses de la conclusion. La standardisation permet aussi de mettre en évidence la structure logique de l'argument.

Cette réécriture implique souvent de supprimer certaines parties du texte qui ne sont ni des prémisses, ni une conclusion. Elle conduit aussi à rajouter certains mots, des compléments, parfois des prémisses entières, voire même la conclusion, qui est parfois seulement sous-entendue et non pas énoncée clairement.

La standardisation est-elle une démarche classique ? Par Michel Goldberg

ExempleExemple de standardisation d'un argument

Voici un argument :

« La notion d'euthanasie est trompeuse. En effet, euthanasie signifie « bonne mort », alors que ceux qui promeuvent cette notion sont simplement favorables à une légalisation qui donne le droit de tuer ».

Notons dès à présent que nous ne cherchons pas ici à évaluer un argument mais uniquement à repérer que nous sommes bien en présence d'un argument. Tel est bien le cas.

La conclusion nous dit que « la notion d'euthanasie est trompeuse ». La prémisse nous dit que « euthanasie signifie « bonne mort », alors que ceux qui promeuvent cette notion défendent en fait une légalisation du droit de tuer ».

Nous avons donc repéré une prémisse et une conclusion. La conclusion est bien une proposition qui n'est pas évidente, car de nombreuses personnes pensent que la notion d'euthanasie n'est pas trompeuse. Il y a bien débat sur cette question. Toutes les conditions sont réunies pour dire que nous sommes en présence d'un argument.

Voici l'argument dans sa forme standardisée :

Ceux qui promeuvent la légalisation de l'euthanasie sont simplement favorables à une légalisation qui donne le droit de tuer.

Ils confondent la mort avec la bonne mort

Donc

La notion d'euthanasie est trompeuse

A partir de cette standardisation, il devient possible d'évaluer si l'argument est solide.

  1. Govier, Trudy (2007)

    Govier, Trudy (2007) A practical study of argument. Wadsworth Cengage Learning

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