Qu'est-ce qu'un argument ?

Les prémisses doivent être pertinentes (critère R)

Les prémisses doivent être pertinentes (on parle en anglais de relevance). Ce critère peut conduire un analyste à rejeter une prémisse acceptable (critère A), mais qui serait hors sujet, ou qui concernerait le sujet de façon anecdotique, sans intérêt pour la question qui est au cœur de l'argument, ou encore qui renforcerait... une conclusion opposée à celle de l'argument.

Une prémisse acceptable est pertinente si elle contribue à justifier la conclusion.

Prenons un exemple. Il arrive qu'une prémisse conduise à faire rejeter la conclusion. Tel est le cas de la rétorsion, dans laquelle on montre que la prémisse d'un argument, lorsqu'elle est bien comprise, va dans le sens contraire de la conclusion. Dans ce cas, à l'évidence, elle n'est pas pertinente.

Lisons le dialogue suivant :

Pierre : Les personnes pauvres ne participent pas aux réunions de quartier. Il est donc inutile de les inviter

Paul : C'est justement parce que les personnes pauvres ne participent pas aux réunions de quartier qu'il importe de les inviter, et peut-être même d'aller les chercher chez elles !

Paul a pratiqué une rétorsion. Il a considéré que la prémisse de Pierre était acceptable, mais qu'elle conduisait à une conclusion opposée à la sienne.

QUESTIONS CRITIQUES CONCERNANT LE CRITERE R

QC1. La prémisse est-elle en lien avec la conclusion ?

QC2. La prémisse contribue-t-elle à renforcer la conclusion de l'argument ?

QC3. La prémisse est-elle hors sujet ? Par exemple, est-ce que la prémisse détourne l'attention des interlocuteurs hors du thème de la discussion ?

QC4. La prémisse peut-elle soutenir une conclusion opposée à celle de l'argument ?

ExempleD'autres arguments qui ne sont pas pertinents

L'attaque ad-hominem.

Il peut aussi arriver qu'une prémisse acceptable soit non-pertinente, parce qu'elle ne porte pas sur l'objet de la conclusion. C'est le cas de certains contre-arguments qui visent la personnalité de l'adversaire plutôt que ce qu'il dit. En s'attaquant à la préférence sexuelle, à l'origine ou à la richesse d'une personne, on cherche à discréditer son argumentaire. C'est ce que l'on appelle, d'après un terme latin, l'attaque ad-hominem. Comme ces prémisses ne concernent pas directement les arguments auxquels ils sont sensés répondre, elles ne sont généralement pas pertinentes.

L'homme de paille.

Un contre-argument qui répond à un argument qui n'a pas été énoncé n'est pas pertinent, même s'il énonce des prémisses qui peuvent être vraies et intéressantes.

Par exemple, on accuse parfois des personnes d'être des propagandistes religieux parce qu'ils portent une kippa ou une croix sur leur vêtement. Or, ces personnes ne font qu'user d'un droit qui n'impose rien à personne. Leur tenue vestimentaire ne peut constituer, à elle seule, une prémisse d'un argument qui viserait à désigner les gens qui pratiquent la propagande religieuse.

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